Damnatio Memoriae

Sunny n'est pas le premier né de la famille. Sunny aurait dû avoir un grand frère, lui aussi. Mais la vie en avait décidé autrement. Sunny avait un miroir, une âme sœur, une goutte d'eau, un jumeau. Mais cette vie s'éteignit peu de temps après sa naissance, laissant à jamais un bout de lui disparaitre dans les abîmes. Le laissant seul dans ce monde cruel. Mais le petit soleil est bien trop jeune pour comprendre cette perte déchirante qui hanta ses parents. Est-ce qu'un être que l'on a pas connu peut nous manquer ? Peut-être que Sunny en aura la réponse.

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Le jeune soleil, du haut de ses trois ans, voit arriver un petit frère -Lupin- pour agrandir la famille. Ses parents, après avoir élevé leur jeune progéniture des plus souriante -le voisinage disait qu'ils n'avaient jamais vu un bébé si peu bruyant- avaient enfin décidé à faire à nouveau des enfants après leur première perte. Après tout, il aurait été dommage de laisser ce pauvre petit tournesol tout seul, il fallait agrandir la famille tant que le succès de la toute nouvelle acquisition d'une boutique de location pour vendre leurs fleurs était au rendez-vous. Sunny grandit littéralement dans les fleurs, à en croire qu'il était né d'un choux.

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Le tournesol s'occupe de cette petite fleur vivace qu'est son petit frère, avec beaucoup d'attention et d'amour. Ils écoutent avec attention leur grand mère leur raconter des histoires de son pays, l'Inde, où des dieux à peau bleue étaient vénérés et respectés, et qui vivaient milles et unes histoires passionnantes. Il rêve en couleurs de contrées qu'il n'a jamais vu, ayant l'imagination aussi fertile que la terre dans laquelle poussaient les fleurs que la famille cultivait et vendait.

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A la fleur du soleil et la plante obstinée vient s'ajouter Narciss, une autre fleur jaune annonciatrice de soleil. Au passage, un autre petit frère à cajoler pour le jeune grand frère, du haut de ses cinq ans. Il apprend déjà le noms des fleurs et comment les écrire, ainsi que lire les étiquetages dans les vases, bien qu'avec difficulté. Avec ses petits bras, il traine son jeune frère avec lui et s'en occupe alors que leur mère est accaparé avec leur plus jeune frère.

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Le petit garçon souriant n'est pas très bagarreur, et se trouve être une cible facile pour les petits chenapan du coin. Il ne doit son salut qu'à la venue d'une jeune fille bagarreuse, qui le sauve d'un funeste destin incluant des vers de terre. Même si le mal avait déjà été fait auparavant. La jeune fille portait le doux nom d'Iris. Ils ne se sont plus quittés après cette rencontre fortuite. Le sort était scellé entre la fleur du soleil et la fleur aux milles couleurs.

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La famille fleurie ne cesse de s'agrandir, la voyant affublée de trois nouvelles espèces, une masculine, et deux fleurs jumelles, autant masculine que féminine. La douce grand mère n'omet pas de trouver un petit nom de son pays pour les baptiser, chacun ayant un bout d'elle avec eux. Ayant fait son office et partagé ses histoires et secrets aux jeunes fleurs, elle prit son envol pour sa nouvelle vie à venir, laissant son enveloppe corporelle. Elle fut pleurée et aimée comme la belle âme qu'elle était de son vivant.

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La jeune pousse ne cesse de grandir et d'apprendre de son père le métier dont un jour il devra reprendre à sa suite. Il se passionne pour cette langue si subtile qu'est le langage des fleurs. Il apprend toujours à lire et écrire pour pouvoir écrire et lire tout ce qu'il trouve sur les fleurs. Sunny aide à la maison également, étant le plus grand, il doit s'occuper de ses cadets alors que leur mère s'occupe du repas. Il réussi sans mal à faire filer droits les petits chenapans dont sa fratrie est composée. Il essaye de raconter les histoire que leur grand mère leur avait apprit. Il n'est pas aussi doué qu'elle pour raconter des histoires sur les dieux, mais cela suffit à les calmer le temps que souper soit prêt.

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Avec le temps viennent les premières amours, et le cœur du soleil s'est éprit de sa précieuse fleur irisée avant qu'il ai le temps de dire ouf ou de rencontrer une autre belle âme. Elle aussi se laisse tenter par ce doux parfum de miel qui se profilait à l'horizon. La seule ombre au tableau sera la mort d'un des petit frère, emporté par une maladie que les médecins et concoctions ne purent soigner. Le réconfort des bras de la belle fleur sécha rapidement les pleurs et chassa la peine et les nuages, permettant au soleil de sourire à nouveau. Le frère avait rejoint leur bien aimée grand mère dans sa nouvelle vie. Il ne fallait pas laisser la douleur de cette perte assombrir les cœurs plus que nécessaire.

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Le tournesol est déjà bien grand, le visage tourné vers le soleil et le ciel. L'avenir. Celui-ci s'annonce sans nuages. La boutique de fleur ne cesse d'augmenter sa renommée et son prestige grâce aux efforts de Sunny, dont la passion et l'amour des plante transparait dans chacun de ses bouquets et chacun des conseils qu'il dispose. Il aide les hommes à bien choisir les fleurs pour leurs dulcinés. Encourage ses frères et sœurs dans les tâches auxquelles ils sont doués. Son premier frère avait choisi la voie de l'artisanat de chaussures. Le second avait un flair développé et décrocha un apprentissage en parfumerie. L'avant dernier jumeau s'intéressait de près aux plantes lui aussi. Il ferait un jardinier très doué. Leur jeune sœur se contentait d'aider à la boutique et à la maison. Si tant est qu'elle était heureuse comme cela, Sunny l'encourageait dans ses tâches, participant lui aussi à la cuisine pour soulager leur mère vieillissante.

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Sunny n'a de cesse de demander la main de sa belle Iris, mais celle-ci ne cesse de refuser avec une mine peinée. Le tournesol ne comprends pas pourquoi sa belle ne souhaite pas s'engager après ces belles années passées ensembles. Ce n'est que quand il est trop tard qu'il apprend que sa maladie la suivant depuis l'enfance l'avait rattrapée et volé sa santé. Il resta des jours à son chevet, lui apportant des fleurs et son sourire qui se muait peu à peu en une moue triste et pleine de chagrin. Avant sa disparition, ses dernières paroles furent qu'il devait continuer à sourire. Continuer à apporter le soleil dans la vie des gens chaque jours. Cette promesse… Il allait la tenir. Sa belle fleur fanât entre ses doigts, le laissant seul. À nouveau seul. À nouveau déchiré en deux. Un sentiment étrangement familier.

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Le sourire du tournesol était loin d'égaler feu le soleil qu'autrefois il était. Mais il tenait bon, quand bien même son ciel était constellé de zébrures de pluie. Son véritable éclat ne revint qu'au détour d'un étrange rêve, fait un soir, après un énème moment de larmes alors que personne ne pouvait voir. Un nom résonna en lui alors que la vision dans son rêve se résumait à une lumière chaleureuse et un vent venu du sud. Shou. Qu'est ce que cela signifiait ? Il ne le su guère les premiers jours qui suivirent ce fantasme onirique des plus étrange. Cela se concrétisa très étrangement quand on lui donna rendez-vous dans un café. Et tout devint encore plus étrange quand on lui donna une lettre à amener quelque part avant la tombée de la nuit. Étrange aventure pleine d'inconnues. Il échoua, ayant aidé l'enfant et la domestique. Mais il avait réussi. Ça n'avait ni queue ni tête.

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Sunny se posait des question sur ce dieu. Était-il une incarnation de Shiva, tel que sa grand mère le décrivait, miséricordieux et plein de compassion ? Ou bien cela n'avait-il rien à voir ? Après tout le dieu avait nombre de noms et de formes. Alors il décida que cela devait être un de ces dieux provenant des contrées lointaines dont une partie de son sang était originaire. La deuxième mission donnée fut étrange. Mais prendre soin d'un animal n'avait rien de difficile. Si ce dit animal n'était pas une des créature les plus maléfique qui soit. Un canard. Mais que diable mangent les canards ? Il mit du temps avant de s'approcher de la bête issu d'un cercle de l'enfer anglican. Il eut nombre de doigts pincés par le bec de cette atrocité. Mais il en sorti victorieux et la cane avait reprit du poil de la bête. Avant que la réalisation soudaine ne le prenne. Il allait devoir supporter cette créature jusqu'à sa mort. Oh. Au moins était-il moins effrayé par les canards qu'autrefois.

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Qu'est-ce que la vie et les Dieux peuvent-ils encore réserver à ce pauvre fleuriste ? Le destin en rit sous cape, sans doute aucun.