Damnatio Memoriae

1829 à 1837 (naissance - 8 ans) : Marianne est née dans la respectable famille des Dashwood, bourgeois de Plymouth ayant fait fortune depuis plusieurs génération dans le commerce maritime, notamment depuis la colonisation des Indes, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Son père et sa mère, tous deux âgés quand ils eurent leur petite fille, ne pouvaient espérer un autre enfant. Bien que ce soit une fille, ils furent heureux d'avoir leur petit rayon de soleil aux yeux vert d'eau et la choyèrent. Elle attirait le regard par ses beaux cheveux ondulés noirs jais et ses yeux brillant de curiosité, et son sourire enchanteur avait de quoi faire fondre n'importe quel coeur. Elle fut chouchoutée, mais loin d'être dans une famille qui mettait à l'écart la famille, elle eut tout le loisir de pouvoir profiter de l'amour et des attentions de ses deux parents. Son père travaillait avec son frère Pratt dans leur entreprise de commerce, mais il n'hésitait pas quand il avait du temps libre de raconter une multitude d'histoire sur ses voyages en bateau à travers le monde, narrant les marchés pleins d'épices et les habitants aux habits colorés et riches comme un conte de fée. Il s'amusait également à lui montrer des cartes du monde, lui achetant une encyclopédie pour que, même si elle ne savait pas encore totalement lire, elle puisse rêver en contemplant les pages griffonnées de monstres marins imaginaires, des plaines et des océans à conquérir.

Sa mère elle était un peu plus stricte sur son éducation, grondant parfois son père de trop la gâter. Il lui fut enseigné comment lire et écrire, broder de petits mouchoirs, les bonnes manières mais également comment se tenir en société. Car sa mère, mettant en avant les produits de la société de son mari comme les étoffes, dirigeait également la boutique de couture qui transformait les étoffes en toilettes et parures. Il arrivait parfois que la petite fille soit amenée dans la boutique, quand sa mère devait rapidement y faire une course ou parler avec l'une de maitresse couturière. Marianne était fasciné par tout ce qu'elle voyait, n'osant même pas parler tant elle était impressionnée. Toutes ces couleurs, ces textures, ces femmes concentrées qui manipulaient des choses aussi fines que des aiguilles entre leurs mains expertes à une vitesse affolante. Et ces dames qui venaient demander conseil à sa mère sur les meilleurs tissus, de nouveaux modèles... bien entendu elle n'était pas en âge de tout comprendre, mais elle se sentait attiré par toute cette dynamique, toutes ces belles choses colorées et qui parfois lui paraissaient comme des robes de fées. Hélas, ce premier rêve devait prendre fin. En Octobre 1837, alors que ses parents prenaient un bateau sur la manche pour se rendre en France, une grosse tempête balaya la Manche et fit sombrer leur navire. Leur mort ne fut annoncée sur l'île que deux semaines après le drame, et leurs corps ne furent jamais retrouvés.

1838 à 1844 (9 ans - 15 ans) : Marianne se retrouve donc orpheline, et se retrouve sous la tutelle de son oncle Pratt. Elle devient alors sa pupille, mais en homme d'affaire qui a peu de scrupule pour sa famille, il ne fait attention qu'à ses propres intérêts. A la mort de son frère ainé il récupère certes le commerce familial (ce qui est déjà un avantage colossal), mais les dernières volontés de celui-ci l'empêche de dévorer tout ce qu'il souhaite sur le dos de la jeune fille. en effet, se sachant vieux et sa fille comme seule héritière, il ne pouvait compter que sur son futur gendre pour prendre la relève. En attendant, pour protéger sa fille, il a veillé à se que ses intérêts soient respectés. Ainsi 10 000£ ont été placé en douaire pour Marianne, pour qu'elle puisse l'utiliser une fois qu'elle sera mariée comme bon lui semble pour sa dot, et 1000£ du restant de la dot de sa mère ont été placé pour subvenir à ses besoins en attendant. Hélas leur maison de Plymouth revient de droit à son frère Pratt, tout comme le commerce familial. Mais l'oncle ne pouvait se soustraire à la dernière recommandation de son frère, qui lui demande de prendre sous son aile sa nièce et de s'assurer de sa bonne éducation ainsi que de sa protection.

Sa conscience bottant en touche et vu les nombreux avantages qu'il recevait en échange, il eut le bon goût de respecter la volonté de son défunt frère. Cependant, il n'avait nulle envie d'avoir dans les patte une fille qui n'était pas la sienne, sa femme étant elle même souffrante et devant déjà s'occuper de ses 3 fils. Il l'envoie donc à sa soeur Helena Croft, veuve d'un capitaine qui réside à Bath, non sans envoyer une enveloppe régulièrement pour subvenir à ses besoins et qu'elle puisse obtenir des professeurs le temps qu'elle soit en âge d'aller en pension. Cette tante est une femme de marin comme on peut en trouver, au caractère trempé et solide, habituée à savoir gérer une maison seule quand son mari était en mer, et sommes toute ouverte sur le monde. Elle n'avait pas eu la joie d'avoir d'enfant pendant son mariage et à 37 ans accepta volontiers de considérer Marianne comme la sienne. C'était une femme qui bien qu'elle sortait peu était cultivée, possédait une grande bibliothèque et recevait chez elle d'autres femmes de capitaines et autres marins qui racontaient leurs histoires du passé. elle eut à coeur de s'occuper de l'éducation de Marianne, qui eut pour cette femme toute la tendresse et l'estime du monde. Elle était stricte avec la jeune fille, exigeant d'elle un discipline parfois toute militaire et des résultats. Mais cela était récompensé par de petite attentions, par des discussions et des histoires du passé sur ses parents, par des cadeaux quand elle faisait bien. Auprès de cette femme Marianne pris goût à la littérature, à la poésie et au dessin. Elle fut également habituée, un peu comme avec sa mère à l'époque, à voir une femme gouverner une maisonnée et prendre des décisions seule, à être responsable d'elle même, de ses actions et de son argent. Cela fut un point important pour le caractère de Marianne, qui pris exemple sur l'attitude et le caractère de cette femme. Ce qui, plus tard, pu la desservir quand elle se confronta à la société des hommes et à ses codes restrictifs envers les femmes.

Quand elle eut enfin 11 ans, elle fut envoyée dans un pensionnat à Badminton, pour parfaire son éducation de jeune fille de la bonne société. Elle se perfectionne dans les langues (parlant le français, l'anglais et l'italien) mais également dans la couture et la littérature. Elle apprend également la musique (relativement passable au piano), le chant (agréable mais sans plus), la danse (douée mais un peu trop enjouée), apprend comment se tenir en société et à tenir son rôle de "future épouse". Mais plutôt rêveuse et imaginative, elle se passionne surtout pour la broderie et la couture, ainsi que pour les modistes de la ville pour de nouveaux chapeaux. Elle s'amuse à dessiner des croquis de robes, de chapeaux, de collet, de manteau en tout genre, mélangeant couleur et forme selon son désir, ou tout simplement son imagination après avoir lu des livres. Ses croquis deviennent ensuite des essais en brodant des mouchoir, des écrans ou encore des écharpes. On trouve qu'elle est douée et qu'elle a du goût, et surtout beaucoup (trop) d'idées. Une imagination un peu trop débordante, nourrie par ses lectures sur les voyages et les souvenirs des histoires que lui racontaient ses parents sur leurs voyages. Toujours rayonnante et parfois considérée comme un peu trop affirmée dans son caractère voir exubérante, le pensionnat eut beaucoup de travail à réussir à canaliser toute son énergie. Bien qu'agréable comme compagnie, souriante et presque toujours de bonne humeur, une femme qui s'exprime aussi facilement et aussi ouvertement n'était pas bien vue dans la société. Cela fut une des frustrations et des incompréhensions de Marianne, qui ce n'est que plus tard lors de ses échanges avec sa tante Helena compris que si cela était certes "déprimant" elle se devait de faire au moins "bonne figure" et ne s'exalter que devant un public choisis et restreint. chose qu'elle comprit d'autant plus quand elle sortit enfin de son pensionnat, et se confronta au monde réel de la société qui l'attendait.

1845 à 1847 (16 ans - 18 ans) : Marianne revient de son pensionnat et rejoint sa tante Helena à Bath. Fait ses début dans la société de la petite noblesse et haute bourgeoisie pendant la haute-saison sociale, chaperonnée par ses cousins les plus âgés. William, le fils ainé de 30 ans déjà marié et John le second qui a 23 ans. Son oncle est également présent, mais ne s'occupe que rarement de sa nièce. Marianne découvre à Bath tout un ballet de nouvelles personnes, de genre et d'univers différent. Pour la première fois confrontée à la gente masculine mature, elle est surprise dans un premier temps par l'intérêt qu'elle suscite. Fraiche de ses 16 ans, ayant grandit pour devenir une jeune femme aux boucles noires coiffées de façon élégantes, des yeux verts d'eau brillant de vie et d'enthousiasme, sa figure fine et ses belles proportions de visage ont de quoi charmer. Heureusement pour elle son cousin William l'aide à rester à l'abri des flirts un peu trop empressés, et sa femme ainsi que la tante Héléna lui servent de chaperonne zélées et pleine de bons conseils. Mais elle se rend bien vite compte que ces hommes ne cherchent pas vraiment une femme qui a de la conversation et capable d'avoir ses propres opinions ou sujets de réflexions. Non, les regards parfois dérangeants et les sous entendus de mauvais goût lui ont fait vite comprendre qu'elle n'était qu'une jolie plante à leurs yeux. Rapidement elle fit le tri dans ceux qu'elle rencontrait, dédaignant poliment ceux qui ne présentaient pas d'esprit ou d'expérience intéressante, ou alors ceux qui cherchaient simplement le flirt. Bien sûr comme toute jeune fille elle ne pouvait manquer de rester enjouée lors des représentations de théâtre, des sorties au salon de thé et des quelques bals donnés dans les cercles privés de sa famille qui ne manquait pas de connections.

L'univers de Bath étant celui du paraitre, Marianne fut baignée dans un monde de mode, d'inspiration de texture de tissus, de motifs et de couleurs. voyant ici un exutoire à son imagination, elle achète régulièrement quelques tenues ou magazines de modes pour s'inspirer, continuant à travailler sur ses broderies et autres créations. Elle fait également ses début dans la société, commençant à se familiariser avec les moeurs de la haute société et à se construire son cercle de connaissances. Son esprit et son ouverture sur le monde était un vent de fraicheur pour certains, et inattendu de la part d'une femme pour beaucoup. Du côté des femmes elle est guidée par sa tante et la femme de son cousin, qui bien qu'elle essaye de diminuer son enthousiasme et sa franchise la pousse à cotoyer du beau monde et à montrer ses talents. Ses goûts en terme d'habits et de croquis de dessin font effets, se cumulant avec sa connaissance des tissus et de la mode locale. du côté des hommes, elle peut compter sur le soutien de son cousin William, et parfois de l'oncle Pratt. Mais si l'un souhaitait sincèrement protéger et guider sa jeune cousine dans la société de loup, l'autre avait un tout autre objectif en tête. La dote de sa nièce en tête, il s'était bien gardé d'en parler aux alentours afin d'éviter d'attirer des vautours. Car cette douaire qu'il espérait complètement changée en dote, il voulait la voir rester dans la famille grâce à un mariage. Il espérait lui faire épouser son cousin John, toujours célibataire et proche en âge. Cela permettait de conserver le contrôle de cet argent, mais également l'espoir de voir son deuxième fils à la vie dissolue de rentrer dans les rangs. Hélas pour lui, Marianne n'était nullement intéressée par ce coureur de jupon à la mauvaise réputation, et n'avait aucune affinité avec lui. John également, qui bien qu'il reconnaissait à sa cousine une belle figure préférait tenter sa chance de marier une riche héritière qui lui garantirait indépendance financière mais également ne plus avoir son père sur le dos. Et à peine 6 mois qu'il essayait de les rapprocher ou de convaincre sa nièce qu'un scandale éclata sur son fils. Une affaire d'honneur, d'argent et de femme séduite qui forcèrent l'oncle Pratt à lui faire prendre l'uniforme afin d'expier ses fautes.  Forcer la main à Marianne pour qu'elle se marie et rembourse la dette de son fils était une possibilité, mais la jeune femme était répugnée par le comportement de son cousin et la tante Helena qui conservait une certaine influence dans les cercles était farouchement opposée à un tel gâchis. Il changea alors son fusil d'épaule, réfléchissant à un autre plan plus sûr: trouver un gendre qu'il puisse lui même contrôler et garder dans son entreprise, et donc lui soustraire la dote de sa nièce comme investissement. Mais la tante restant en veille, il devait ruser pour arriver à ses fins. Lui vint alors une idée, que ni la tante ni même Marianne ne pouvait refuser dans sa folle et encore candide jeunesse.

1848 à 1850 (19 ans - 21 ans) : l'oncle propose donc à Marianne de rejoindre sa famille à Londres, où elle pourra se familiariser avec plus de boutiques de modes, rencontrer plus d'artistes et même pouvoir continuer son apprentissage auprès des meilleures couturières de l'ancienne boutique de sa mère. Ce business étant sous sa tutelle, il peut lui assurer son soutien à moindre frais. De plus, il lui assure une fois de plus son soutien et sa protection, mettant en avant qu'elle pourra ainsi voir plus souvent sa famille, revoir son cercle social qui ne vient à Bath que pour la haute saison sociale et rencontrer plus de personnes intéressantes et diversifiées dans cette grande ville. La proposition est plus que tentante, autant parce qu'elle commence à s'ennuyer dans la ville de Bath que pour l'opportunité d'en apprendre plus et d'ouvrir ses horizon. Sa tante, qui soupçonne dans cet élan de charité familiale quelque piège, met en garde la jeune fille. Ayant presque atteint la majorité et ayant la tête sur les épaules malgré son enthousiasme encore juvénile, Héléna se décide à tout expliquer à Marianne. Sa douaire, ce qu'il va se passer quand elle va se marier, ce que son oncle pensait faire, les risques d'un mariage hasardeux et les jeunes hommes qui tenteront sans doute de l'approcher dès qu'il sauront pour son argent. Marianne écouta tout, et cela la remplit de gravité. Elle comprenait à présent le risque qu'elle encourait, autant pour la fin de sa liberté que pour le fait d'être une proie pour des hommes mal avisés. Inquiète mais décidée à suivre l'exemple de sa mère et de sa tante, elle lui promit de rester prudente, de garder son destin en main aussi longtemps que possible et de la consulter.

Marianne accepte la proposition de son oncle, et la voila en route vers Londres. Résidant alors dans leur maison familiale située dans le quartier de Knightsbridge, elle prend ses quartiers et ne manque pas de contacter ses connaissances de Bath ainsi que quelques amies de son ancien pensionnat. Tout en agrandissant et peaufinant son cercle social, elle continue son apprentissage et son perfectionnement de la couture dans la fameuse boutique de toilette et de modiste de son oncle, Cotton Park. Celui ci n'était pas idiot et restait un homme d'affaire, et même si cela pouvait paraitre incongru de laisser une jeune femme de bonne société s'approcher du travail manuel (même s'il était pour la haute bourgeoisie et la noblesse), il savait que Marianne avait du talent dans ses idées de croquis de toilettes, chapeaux et sa notion de la mode. Elle put donc venir, s'entretenir avec l'intendant qui s'occupait de la boutique, comprendre comment les couturière travaillait, en manuel ou bien avec des machines à coudre. Elle ne put qu'une ou deux fois s'essayer à ces nouvelles techniques, mais toujours une fois rentrée dans le cercle familial. Pour sa réputation elle ne devait pas travailler, même si parfois cela la démangeait de pouvoir faire elle même toute une robe. A la place, elle proposait ses patrons et croquis à des couturières qui réalisaient son travail, et elle n'avait plus qu'à peaufiner le travail chez elle. Marianne adorait cet apprentissage et être au centre de tout ce qu'il se faisait. Elle prit de l'expérience en comprenant les techniques de pliages, collage, broderies, arrangement de textures et de tissus possibles, les avantages et inconvénients de certaines teintures etc... Pour ses créations elle s'inspirait de ce qu'elle pouvait voir dans certains magazines de modes, des tissus qui pouvaient l'inspirer sur le moment, son imagination et bien entendu les dernières tendances qu'elle pouvait voir et entendre lors de ses réunions sociales. Si une de ses "création" lui plaisait alors elle la faisait faire, puis elle la portait et s'exposait comme une vitrine vivante lors des soirées ou dans la rue. Si cela inspirait grandement certaines de ses connaissances, alors elle laissait le soin à l'intendant de la boutique de prendre la commande. Car après tout cette boutique est aussi pour valoriser les produits qui sont vendus par la famille.

Ses patrons et ses toilettes commencèrent à avoir du succès, au point que plusieurs femmes de son entourage commencent à vouloir porter ses créations. L'oncle Pratt, satisfait d'avoir eu le nez creux sur le potentiel de sa nièce, lui laissa encore plus de temps et de matériel pour laisser sa créativité s'exprimer et même proposer certains modèles pour la ligne de sa boutique.  Pour changer un peu et se divertir elle se diversifie dans les chapeaux, des manteaux, parfois quelques accessoires farfelues pour son propre plaisir ou celui de ses amies proches. Et récemment, une de ses créations plu à une vicomtesse influente dans la mode qui prit Marianne sous son aile. Sous l'influence de sa "mécène" de la haute société, Marianne commence à entrevoir un autre monde qui peut lui être accessible. Elle doit encore faire ses preuves, mais les quelques commandes qu'elle prépare pour certaines amies de sa mécène sont prometteuses, et le bouche à oreille commence à se faire. Cette montée en puissance lui ouvre tout doucement de nouvelles portes dans la bonne société, mais également lui donne plus de prétention à sa capacité à vouloir rester indépendante dans ses décisions. Hélas, cela attire également le regard des plus avides.

Sous les bons offices de son oncle qui ne tarda pas à voir que le fruit était mûr, il se lança alors dans une campagne de communication et de recherche de prétendant digne des plus grandes commères. Il fit savoir que sa nièce avait une dote conséquente, et qu'elle était en âge de se marier. Cela ne plaisait pas vraiment à Marianne, qui se plaisait dans sa vie actuelle et ne se voyait pas du tout mariée. Mais les assiduités des hommes choisis par son oncle pendant les soirées mondaines et les insistances de celui-ci la fatiguèrent au plus haut point, surtout que n'étant pas dupe elle avait discuté par correspondance avec sa tante pour obtenir conseil. Elle fut légèrement déçue, car bien que sa tante n'approuvait pas la manoeuvre de son frère, elle était d'accord avec le fait qu'il était temps pour elle de se marier. Cela ne plaisait pas du tout à Marianne qui aime sa vie actuelle et ne se voit pas du tout être reléguée au rang de femme au foyer. Mais elle devait reconnaitre que sa situation était délicate, et qu'elle n'avait aucun allié masculin. Elle restait dépendante de son oncle, qui pour l'instant la caressait dans le sens du poils mais pouvait à tout moment changer d'attitude et rendre sa vie impossible. De plus, même si théoriquement elle était riche, dans la réalité cet argent elle ne pouvait le toucher qu'en se mariant et ce qu'il restait de la dote de sa mère commençait à se réduire à peau de chagrin. Les demandes de mariages tombent, mais loin de vouloir se laisser faire elle décide de prendre le taureau par les cornes, quitte à se confronter plus ouvertement à son oncle. Si elle doit se marier, ce sera pour un homme de son choix qui ne lui mettra pas des bâtons dans les roues pour ses affaires. Elle devait choisir son propre parti et s'assurer qu'il ne profitera pas d'elle et ne se ralliera pas à son oncle. Peu importe s'il a une maitresse ou bien qu'il aille au quartier des chapeaux rouges. Tant qu'il ne dilapide pas son argent, la respecte et se trouve être un compagnon agréable qui lui laisse faire ses fantaisies, elle est prête à effectuer un mariage arrangé. Quitte à préparer un contrat marital.

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1851 (22 ans) : suite à une nouvelle conversation houleuse avec son oncle concernant les prétendants qu'il veut lui échoir, Marianne se couche cette nuit là avec une légère migraine. Fatiguée et lasse de ce combat pour sa vie alors qu'elle est impuissante en tant que femme, elle ferme les yeux en espérant à un autre jour plus radieux et sans les commentaires déplacés de son oncle bouffis. Son sommeil tombe comme une masse, sombre et lourd, pesant sans être reposant. Elle se met à rêver, voyant dans ce songe des myriades de tissus et de couleurs, une grande prairies fleuries de fontaines en tout genre aux formes étranges. Des nuages s'amoncèlent, puis soudain elle se retrouve dans une pièce sombre et froide. Un salon, celui de son oncle. Tout a l'air gris, elle se sent lasse et démoralisée, elle regarde par la fenêtre les contours d'immeubles flous sous la pluie, avec des silhouettes étranges qui semblent marcher dans la rue. Un rêve triste et sans couleur, qui semble ressembler à son avenir. Mais soudain tout semble se réchauffer et elle est transportée dans un autre endroit. Elle est entourée d'eau, au dessus d'elle la lumière du soleil transperce de ses rayon les eaux turquoises. Bien que dans l'eau elle se sent bien, comme entourée d'une couverture chaude, d'une présence apaisante. Et rapidement elle se rend compte que cette présence apaisante se trouve au dessus d'elle. Ce n'était pas le soleil qui dardait de ses rayons, mais une forme étrange, bienveillante. Elle plonge son regard dans cette lumière et se sent alors.... légère. Unie à quelque chose de plus grand, de rassurant, qui la représente. Qui l'appelle, l'intimide et en même temps lui donne espoir. Elle a envie de lui obéir et de se vouer à elle. Elle entend alors un murmure, une voix aussi chantante que l'eau d'une fontaine qui coule en plein été, fraiche et légère, pleine de sens. Des mots qu'elle ne comprend pas vraiment mais qui la transporte de joie, qui la rassure et la font enfin sentir... pleinement elle même.

Elle se réveille le lendemain matin dans sa chambre, il pleut. Mais le son de cette pluie n'est pas désagréable, et lui semble lui rappeler cette voix chantante qu'elle a entendu dans ce rêve. Elle se sent... bien, exaltée, dévouée à quelque chose. D'ailleurs, elle essuie de son visage des larmes qui avaient perlés sur son visage. Pourtant en les regardant sur ses doigts, elle ne se sent pas mélancolique ni triste. Non, elle se sent délivrée, heureuse et soulagée. Elle se lève sans trop savoir quoi penser de ce rêve, mais se sent emplie d'une énergie toute nouvelle. Quelques jours plus tard, une autre chose étrange lui arrive. Une jeune fille l'approche dans un parc, prétextant être une admiratrice de son travail. Et dès qu'elles furent un peu à l'écart de son chaperon, elle se mit à se lancer dans un discours des plus surprenant et ésotérique. Quoi, Tefnout ? Pourquoi cela lui disait quelque chose... Elle n'avait pas le temps de poser le pourquoi du comment qu'elle se retrouvait à être donné un bout de papier dans sa main, avec une adresse à laquelle elle devait se rendre seule et discrètement. La jeune fille avait disparu, laissant Marianne confuse. en rentrant chez elle elle se posa dans sa chambre pour réfléchir à ce qu'il lui avait été raconté. Tefnout... Ce nom était familier, et lui donnait un sentiment de confiance. Tout comme cette jeune femme qui, même si elle ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam lui inspirait une certaine connexion. Méfiance, curiosité, un sentiment plus étrange encore la poussait à accepter. Certes c'était dangereux, mais son dernier rêve et cette nouvelle sensation en elle ne pouvaient être une coïncidence. Et si cela pouvait l'aider elle dans sa quête du prétendant parfait, ou bien offrir une solution à son problème avec l'oncle Pratt ? C'était risqué mais... parfait il faut savoir vivre les aventures que la vie nous présente, non ?